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Un tout nouveau pan de l’œuvre se dévoile avec sa restauration. En plus de Bonaparte, le réalisateur a mis en lumière les personnages du peuple, sans qui le général n’aurait pas été grand-chose.
Par Samuel Douhaire
Publié le 22 novembre 2024 à 18h00
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Dans Napoléon (1927), le film monument d’Abel Gance, le héros – au sens quasi divin du terme – est bien évidemment le général Bonaparte. Mais cette chronique grandiose des années de jeunesse du futur empereur, de son adolescence à l’école militaire de Brienne jusqu’au triomphe de la campagne d’Italie, n’oublie jamais le peuple. Ce peuple dont Napoléon est issu et sans qui la Révolution française n’aurait pu s’accomplir.
Vue par Abel Gance, la foule est «à la fois bonne et cruelle, admirable et repoussante, raisonnée et indomptable (sauf par Bonaparte)», explique Thierry Lentz, spécialiste des études napoléoniennes dans son analyse historique du film (1). Ces citoyens et citoyennes, sans-culottes ou non, crèvent l’écran. Mais parmi ces innombrables figurants de l’Histoire, le cinéaste met en avant deux figures marquantes, deux personnages de fictions qui, dans un récit aux multiples digressions, jouent un rôle aussi important que les grands tribuns Danton, Robespierre et Marat. Un père de famille et une jeune femme «ordinaires», qui sont à la fois les témoins du destin napoléonien et ceux qui veillent sur lui, sans que le grand homme s’aperçoive de leur présence.
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Le premier porte le joli nom de Tristan Fleuri et est une sorte de caméléon grâce à la formidable interprétation de Nicolas Koline, grand nom du théâtre russe exilé en France après la chute du tsar. Tour à tour commis de cuisine à Brienne, aubergiste à Toulon, greffier indulgent du tribunal révolutionnaire (il avale les ordres de dizaines de condamnation à mort pour sauver de la guillotine les victimes de la Terreur) et fidèle grognard de l’armée d’Italie, Fleuri est l’incarnation bienveillante, humoristique du peuple quand sa fille Violine, qui voue un amour fou à Napoléon, en représente la dimension tragique, sacrificielle.
Sur le visage angélique d’Annabella (pour sa première apparition à l’écran), Gance superpose les images terribles des massacres de septembre1792– plus de un millier de détenus royalistes, ecclésiastiques ou de droit commun furent alors tués dans leur prison. Plus tard, le réalisateur compose un superbe montage parallèle entre, d’une part, le mariage sensuel (et comique!) de Napoléon et Joséphine et, d’autre part, les prières ferventes de Violine devant le modeste autel qu’elle a consacré à son idole. Ce personnage inoubliable était largement coupé dans les différents remontages du film effectués à des fins commerciales. La restauration, menée pendant plus de quinze ans par la Cinémathèque française, de la «grande version» de1927voulue par son auteur, lui redonne toute son importance.
Découvrir la note et la critique
“Napoléon vu par Abel Gance”, un feu d’artifice visuel dans une version inédite
Napoléon vu par Abel Gance, sur France 5vendredi 22novembre à 20h55.
(1) Dans Napoléon vu par Abel Gance, collectif, éd. La Table Ronde/ Cinémathèque française.
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